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     M'intéressant maintenant depuis quelques années à cette question de la Bientraitance, je note que ce terme est beaucoup associé aux pratiques professionnelles et aux principes auxquels celles-ci font référence :

    Principalement le Respect de la personne, dans son intimité, dans sa dignité, dans sa sécurité physique et affective, assurer son bien-être.

    En quoi cela serait une nouveauté ? En définissant la Bientraitance de cette manière nous sous-tendons, un, que le secteur médico-social ne prenait pas en compte ces principes, ou du moins sous estimait ceux-ci et deux, que les professionnels de ce secteur n'y étaient pas vigilant avant ??


    Je pensais, peut être naïvement que ce secteur avait justement pour vocation de considérer la personne vulnérable sous cet aspect là, comme un être humain à part entière, et que les formations des professionnels avaient pour objectifs de développer des pratiques professionnelles visant à respecter, justement ces principes ??

    Considérer alors que la Bientraitance, concept nouveau, rappellerait ces principes, vient pour moi à négliger les pratiques professionnelles effectuées avec volonté, vocation, dévouement par des femmes et des hommes qui se retrouvent parfois dans des situations très complexes, compliquées et même violentes auprès de personnes parfois dans une grande vulnérabilité et difficile psychiquement à prendre en charge, dans ce qu'elles peuvent nous renvoyer, tout à chacun, dans l'inhummanité, dans de l'impensable.

    Si je ne pense pas que les professionnels ont oublié ces principes, sans aucune démagogie, je pense par contre que ces principes ont été dépassés par explosion des connaissances, de la professionnalisation du secteur médico-social et surtout de sa gestion rationnelle de l'humain...

    Au nom du "ON SAIT", on a fait pour l'autre, d'accord avec plein de bonnes intentions, mais sans lui donc en l'oubliant...Là est pour moi la nouveauté amenée par le concept de Bientraitance. Reconsidérer l'autre en partant de lui et en s'adaptant à lui, justement grâce à nos connaissances. D'où la définition de la Bientraitance que je propose : Définition

    Tout ça pour dire, que pour moi le problème ne vient pas du bas, des professionnels, même s'il faut continuer à travailler les pratiques, mais des Cadres dans lesquels ils interviennent et donc sont accueillis les usagers/patients...

    On cherche des solutions rationnelles, objectives, budgetisables, rentables pour soit disant faire des économies....
    Même s'il est bien sur important de continuer à penser, à créer de nouveaux dispositifs, de nouvelles structures il ne faut pas tomber dans le penser pour panser et se dépenser pour dépenser...

    Si on continue "à faire" sans prendre le temps de réfléchir au sens que ces dispositifs ont pour les professionnels et pour les personnes accueillies, on restera dans l'illusion de "prendre soin" et d'économiser... ce qui n'est, à mon avis pas le cas.

    Suite au travaux de Reasonner, REASONER, R., (1982), Building Self-Esteem : Elementary Ediction, California,Consulting Psychologists Press Inc, et AYOTTE, V., LAURENDEAU, M.-C., (1999). Effets d'un programme de promotion des compétences sur l'adaptation psychosociale d'adolescents de milieu défavorisé. Montréal: Direction de la santé publique de Montréal-Centre.
    Un outils intéressant pourrait être un guide à la réflexion pour penser le Cadre au sens large, les 5C.

    Afin de pouvoir être contenant, sécurisant, soignant et être porté par une dynamique bientraitante, le Cadre se devrait de pouvoir répondre à ces 5 critères :

    Concret, Clair, Cohérent, Congruent et Conséquent

    Dans quelle mesure le cadre est concrètement identifiable dans ses missions ? Comment matériellement les acteurs de ce cadre peuvent se repérer et identifier ce qu'ils y font ?

    Dans quelle mesure le cadre est-il clair ? Est ce que l'ensemble des acteurs du cadre peuvent repérer ou savoir qui fait quoi, pourquoi comment et quand ? Est ce que le cadre est transparent et en mesure de diffuser ces informations ou de se laisser interpeler sur son organisation, son fonctionnement ?

     Dans quelle mesure le cadre est-il Cohérent ? Quelle cohérence il y a entre les différents projets, liens, discours des acteurs du cadre ? Peut-on identifier une base commune, des valeurs, pouvant servir de lien ?

     Dans quelle mesure le cadre est-il congruent ? Est-il en mesure de mette lui-même en oeuvre ce qu'il prône ? Les discours restent-ils des paroles ou peuvent-ils être transcris en actes ?

     Dans quelle mesure le cadre est-il Conséquent ? Est ce que le cadre est en mesure de prendre suffisamment de recule vis à vis de lui-même pour prendre conscience de ce qu'il peut générer comme effets positifs et surtout négatifs ? Quelles sont les conséquences de son fonctionnement, de ses organisations ?


    Ces 5 critères sont pour moi la base d'une dynamique Beintraitante dans le sens où ce qui importe n'est pas ce qu'on fait mais plutôt comment on fait et pourquoi on fait !

    Or dans notre société de l'immédiateté, de l'urgence, de l'économie, les gestionnaires, directions ou cadres, excusez-moi de généraliser (et je sais pour en connaître que certains ne rentrent pas dans cette catégorie), ne veulent pas prendre le temps, le risque, de faire ce travail fastidieux, oui, mais indispensable pour une réelle efficacité de la prise en charge des personnes dites vulnérables.

     




     


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