• Une histoire

                 « Un jour d'hiver glacial, les porcs-epics d'un troupeau se serrèrent les uns contre les autres afin de se protéger contre le froid par la chaleur réciproque. Mais, douloureusement gênés par leurs piquants, ils ne tardèrent pas à s'écarter de nouveau les uns des autres. Obligés de se rapprocher de nouveau, en raison du froid persistant, ils éprouvèrent une fois de plus l'action désagréable des piquants, et ces alternatives de rapprochement et d'éloignement durèrent jusqu'à ce qu'ils aient trouvé une distance convenable où ils se sentirent à l'abri des maux. »

    Freud. Essais de psychanalyse, Payot, p.13


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  • Au fur et à mesure de rencontrer des professionnels dans le cadre d'analyse de la pratique, je suis de plus en plus indigné concernant la manière dont des cadres et des directions conçoivent la question de la "distance professionnelle", ou du moins la manière de la présenter ou de demander aux professionnels d'être "professionnel".

    Régulièrement reviennent les expressions "Rester neutre", "neutralité", "être objectif" ou encore "Neutralité bienveillante"....

    Comment peut-on demander à un professionnel, dont son métier, sa fonction, sa mission est de travailler dans la relation humaine de rester objectif ?? Et ce, sans le mettre en danger humainement ?

    Toute personne, quelle qu'elle soit, dans une relation humaine, ne peut s'empêcher de penser, d'interpréter, d'avoir un avis, de juger, d'avoir un positionnement, d'être dans une position totalement subjective !! Cela est dans la nature même de l'être humain. Notre rapport au monde et à l'autre n'est qu'une construction subjective, un ensemble de croyances qui détermine ma manière d'être au monde et en relation avec l'autre.

    Demander aux professionnels de rester "objectifs" est donc tout simplement impossible et les invite à se mettre en danger. En effet, nier le postulat cité ci-dessus, revient à nier sa propre condition d'humain et d'Être subjectif. Si être "bientraitance", c'est essayer de considérer l'autre comme étant semblable et différent, c'est bien parce que je me considère en premier. 

    Si je m'oublie, alors je laisse la possibilité à l'Autre de m'aspirer dans sa subjectivité, et je ne suis alors plus en mesure de l'aider, l'accompagner, le soigner !!

    La "Distance professionnelle", et alors le fameux "professionnalisme" pourrait alors être justement, la prise en compte de cette subjectivité pour ensuite essayer de s'en décaler et ainsi laisser la place "au champ des possibles" pour une relation bientraitante.

    Accepter d'entendre et de prendre en compte ses ressentis, ses jugements, ses impressions, voilà le challenge ! Et ensuite chercher à se positionner en les communicants avec les collègues, le psychologue du service ou lors de temps d'analyse de la pratique ou encore de Supervision, ou pourquoi pas, dans une certaine mesure à l'Autre ?

    Si nous voulons redonner une place à l'humanité dans les relations humaines alors redonnons une place à la subjectivité et travaillons la comme un outil indispensable !


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